Oníricas (47) - Alucinações/ Visões Hipnagógicas


Hervey de Saint-Denis, Les Rêves et Comme les Diriger - dois tipos de imagética visual no sono.

A l’égard de quelques rêves singuliers dont je donnerai l’exacte relation sans explication probante, il sera sous-entendu que je livre cette relation comme une photographie aux investigations de tout chercheur.

Sur les visions du premier sommeil, que l’on a nommées hallucinations hypnagogiques. — C’est un fait constaté, je crois, que les premières illusions du rêve sont presque toujours des hallucinations de la vue. A peine certaines personnes ont-elles fermé les yeux pour s’endormir, qu’elles aperçoivent comme un fourmillement d’images capricieuses qui sont l’avant-garde des visions mieux formées, et qui annoncent ainsi l’approche du sommeil. Tantôt, ces hallucinations représentent des objets déterminés, quelque fantasques et défigurés qu’ils puissent être; tantôt, ce ne sont que de petites roues lumineuses, de petits soleils qui tournent rapidement sur eux-mêmes, de petites bulles de couleurs variées qui montent et descendent, ou bien de légers fils d’or, d’argent, de pourpre, de vert émeraude, qui semblent se croiser ou s’enrouler symétriquement de mille manières avec un frémissement continuel, formant une infinité de petits cercles, de petits losanges et d’autres petites figures régulières, assez semblables à ces fines arabesques qui ornent les fonds des tableaux byzantins.

Celles de ces visions qui nous montrent des objets bien déterminés rentrent à mes yeux dans la catégorie des rêves ordinaires. Quant à celles qui ressemblent plutôt à des feux d’artifice qu’à des réminiscences d’objets réels, si l’on voulait étudier les lois de leur formation, il serait nécessaire de réunir d’abord un très grand nombre de figures fidèlement coloriées, à l’appui d’observations soigneusement faites sur la manière dont elles débutent et se modifient. J’emprunte à mes cahiers et je place au frontispice de ce livre quelques croquis de cette espèce. La gradation des couleurs qu’on y remarque correspondrait-elle à une série de vibrations distinctes, comme celles qui produisent la gamme musicale? La forme des aiguilles régulières (figurées sous le n° 2) ne rappelle-t-elle pas celle de certaines cristallisations naturelles? Questions étranges peut-être, que je me borne d’ailleurs à poser.

Relatons quelques hallucinations de la même famille, mais déjà mieux caractérisées. «Une fumée blanche semble passer comme un nuage épais chassé par le vent. Des flammes s’en échappent par instants, si éclatantes qu’elles impressionnent douloureusement ma rétine. Bientôt elles ont absorbé le nuage; leur éclat s’est adouci; elles tourbillonnent, forment de larges cocardes, noires à l’intérieur, rouges et orangées vers leur bord extérieur. Au bout d’un moment, elles s’entrouvrent graduellement par le centre et ne forment plus qu’un mince anneau doré, une sorte de cadre au milieu duquel je crois voir le portrait d’un de mes amis.»

«Un monticule de couleur verte se dessine au milieu du champ que mes regards intérieurs embrassent. Je distingue peu à peu que c’est un amas de feuilles. Il bouillonne comme un volcan en éruption; il grossit et s’élargit rapidement, au moyen des zones mouvantes qu’il rejette. Des fleurs rouges sortent à leur tour du cratère, en formant un énorme bouquet. Le mouvement s’arrête. L’ensemble est un moment très net; et puis le tout s’évanouit.»

Ce sont là des visions bien embryonnaires. On y retrouve pourtant ce caractère de transition par abstraction des formes sensibles qui leur est commun avec beaucoup de rêves parfaits; d’où nous pouvons juger que nous avons affaire à des phases graduées d’un même phénomène, et non point à un ordre de faits particulier.


Hervey de Saint-Denys, Les rêves et les moyens de les diriger, Troisième partie, cap.8

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