L'Enfant - O professor de Filosofia prova a existência de Deus

Duas passagens, bastante divertidas, do livro que vou relendo:

Le professeur de philosophie - M. Beliben - petit, fluet, une tête comme le poing, trois cheveux, et un filet de vinaigre dans la voix.
Il aimait à prouver l'existence de Dieu, mais si quelqu'un glissait un argument, même dans son sens, il indiquait qu'on le dérangeait, il lui fallait toute la table, comme pour une réussite.
Il prouvait l'existence de Dieu avec des petits morceaux de bois, des haricots.
" Nous plaçons ici un haricot, bon ! - là, une allumette. - Madame Vingtras, une allumette ? - Et maintenant que j'ai rangé, ici les vices de l'homme, là les vertus, j'arrive avec les FACULTES DE L'AME. "
Ceux qui n'étaient pas au courant regardaient du côté de la porte s'il entrait quelqu'un, ou du côté de sa poche, pour voir s'il allait sortir quelque chose. Les facultés de l'âme, c'était de la haute, du chenu ! Ma mère était flattée.
" Les voici ! "
On se tournait encore, malgré soi, pour saluer ces dames ; mais Beliben vous reprenait par le bouton du paletot et tapait avec impatience sur la table. Il lui fallait de l'attention. Que diable ! voulait-on qu'il prouvât l'existence de Dieu, oui ou non !
" Moi, ça m'est égal, et vous ? " disait mon oncle Joseph à son voisin, qui faisait chut, et allongeait le cou pour mieux voir.
Mon oncle remettait nonchalamment ses mains dans ses poches et regardait voler les mouches.
Mais le professeur de bon Dieu tenait à avoir mon oncle pour lui et le ramenait à son sujet, l'agrippant par son amour-propre et s'accrochant à son métier.
" Chadenas, vous qui êtes menuisier, vous savez qu'avec le compas... "
Il fallait aller jusqu'au bout : à la fin le petit homme écartait sa chaise, tendait une main, montrait un coin de la table et disait : " DIEU EST LA. "
On regardait encore, tout le monde se pressait pour voir : tous les haricots étaient dans un coin avec les allumettes, les bouts de bouchons et quelques autres saletés, qui avaient servi à la démonstration de l'Etre suprême.
Il paraît que les vertus, les vices, les facultés de l'âme venaient toutes fa-ta-le-ment aboutir à ce tas-là. Tous les haricots y sont. Donc Dieu existe. C. Q. F. D.
(...)
EN CLASSE
" Monsieur Vingtras, quelles sont les preuves de l'existence de Dieu ? "
Je me gratte l'oreille.
" Vous ne savez pas ? "
Il paraît étonné, il a l'air de dire : " Vous qui arrivez de Paris, voyons !
- Gineston, les preuves de l'existence de Dieu ?
- M'Sieu, je ne sais pas, il manque des pages dans mon livre.
- Badigeot ?
- M'sieu, il y a le consensus omnium.
- Ce qui veut dire ?... " (Le professeur prend les poses de Socrate accouchant son génie.)
- Ce qui veut dire... - Pitou, souffle-moi donc !
- Ce qui veut dire (reprend le professeur aidant le malade) que tout le monde est d'accord pour reconnaître un Dieu ?
- Oui, m'sieu.
- Ne sentez-vous pas qu'il y a un être au-dessus de nous ? "
Badigeot regarde attentivement le plafond !
Rafoin y a lancé le matin un petit bonhomme en papier qui pend à un fil au bout d'une boulette de pain mâché.
"Oui, m'sieu, il y a un bonhomme là-haut.
- Bonhomme, bonhomme (dit le professeur qui est myope et n'a pas vu ce qui pend au plafond), mais c'est aussi le Dieu de la Bible. Sa droite est terrible ! "
Le mot ne lui a pas déplu, cependant.
" J'aime cette familiarité, tout de même ", disait-il en sortant de la classe. " Il y a un bonhomme là-haut !... Ce cri d'un enfant pour désigner Dieu ! "
Il en a parlé en haut lieu.
" Qu'en dites-vous, monsieur le proviseur ? N'est-ce pas l'enfant qui ne sait rien, parlant comme le vieillard qui sait tout ? - Oui, il y a un bonhomme là-haut ! "
A la classe suivante il s'adresse de nouveau à Badigeot et commence en lui rappelant le mot :
" Il y a un bonhomme là-haut ? "
- Non, m'sieu, il n'y est plus. "
Il tenait mal et il est tombé.


Jules Vallès, op. cit., pp.34,35,376,377

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