La vie des images


Wang XiMeng North Song Dynasty

Ils étaient peu chargés, car Wang-Fô aimait l'image des choses, et non les choses elles-mêmes, et nul object au monde ne lui semblait digne d'être acquis, sauf des pinceaux, des pots de laque et d'encres de Chine, des roleaux de soie et de papier de riz.

(...)Wang ce soir-là parlait comme si le silence était un mur, et les mots des couleurs destinées à le couvrir. (...)

Alors, comprenand que Wang-Fô venait de le faire cadeau d'une âme et d'une perception neuves, Ling coucha respectueusement le villard dans la chambre ou ses père et mère étaient morts. (...)

On disait que Wang-Fô avait le pouvoir de donner la vie à ses peintures par une dernière touche de coleur qu'il ajoutait à leurs yeux. (...)

le peintre Wang-fô et son disciple Ling disparurent à jamais sur cette mer de jade bleu que Wang-Fô venait d'inventer.


Marguerite Yourcenar, "Comment Wang-Fô fut Sauvé", in Nouvelles Orientales, (Paris, Gallimard, 1963), pp. 11,13, 15, 27.

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L'image constitue, en effect, une catégorie mixte et déconcertante, qui se situe à mi-chemin du concret et de l'abstrait, du réel et du pensé, du sensible et de l'intelligible. Elle permet de reproduire et d'intérioriser le monde, de le conserver, mentalement ou grâce à un support matériel, mais aussi de le faire varier, de le transformer jusqu'à en produire de fictifs. Entre le donné pur du divers sensible et sa représentation idéelle, elle même suportée par le langage, l'image constitue une représentation médianne, médiatrice, qui collabore aussi bien à la connaissance du réel qu'à sa dissolution dans l'irréel. Elle est greffée sur des contenus sensoriels issus de l'expérience mais aussis imprégnée de significations émanant des configurations inédites mais s'expose aussi à des projections affectives du sujet (...)

Jean-Jacques Wunenburger, Philosophie des Images, (Paris, PUF, 1997), P.XI.

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