Oníricas (55) - Aragon, Une Vague de Rêves
Ce qui les frappe [Breton et Soupault], c’est un pouvoir qu’ils ne se connaissaient
pas, une aisance incomparable, une libération de l’esprit, une production d’images
sans précédent et le ton surnaturel de leurs écrits. Puis les prodiges apparurent.
L’esprit, parvenu à cette charnière de l’inconscient [c’est-à-dire que l’inconscient
pourrait s’ouvrir comme une porte, ou l’image pourrait servir de charnière à cet accès à l’inconscient], avait perdu le pouvoir de reconnaître où il versait. En lui
subsistaient des images qui prenaient corps. Elles devenaient matière de réalité. Elles revêtaient ainsi les caractères d’hallucinations visuelles, auditives, tactiles. Nous éprouvions toute la force des images. Nous avions perdu le pouvoir de les manier.
Nous étions devenus leur domaine, leur monture. [Il parle comme le comdomblé des
cultes vaudous.] Dans un lit au moment de dormir, dans la rue les yeux grands
ouverts, avec tout l’appareil de la terreur, nous donnions la main aux fantômes.
Nous voyions par exemple une image écrite qui se présentait premièrement, une
image écrite qui se présentait avec le caractère du fortuit, de l’arbitraire, atteindre nos sens, se dépouiller de l’aspect verbal pour revêtir les modalités phénoménales que nous avions toujours crues impossibles à provoquer, à fixer hors de notre fantaisie.Une idée aussi a ses franges d’or. Comment suivre une idée?
Aragon, Une Vague de Rêves(1924), (Paris, Seghers, 1990).
Texto escrito paralelamente ao Manifesto do Surrealismo por André Breton.
Comentários