La raison d'une association: images- philosophie ...

Ma chair et celle du monde comportent donc des zones claires, des jours autour desquels pivotent leurs zones opaques, et la visibilité première, celle des quale et des choses, ne vas pas sans une visibilité seconde, celle des lignes de force et des dimensions (...)Quand Husserl a parlé de l'horizon des choses, - de leur horizon extérieur, celui que tout le monde connaît, et de leur "horizon intérieur", cette ténèbre bourrée de visibilité dont leur surface n'est que la limite, - il faut prendre le mot à la rigueur, l'horizon nest pas plus que le ciel ou la terre une collection de choses ténues, ou un titre de classe, ou une possibilité logique de conception, ou un système de "potentialité de la conscience": c'est un nouveau type d'être, un être de porosité, de prégnance ou de generalité, et celui devant qui s'ouvre l'horizon y est pris, englobé. Son corps et les lointains participent à une même corporeité ou visibilité en général, qui règne entre eux et lui, et même par-delà l'horizon, en deçà de sa peau, jusqu'au fond de l'être.

On touche ici au point le plus difficile c'est-à-dire au lien de la chair et de l'idée, du visible et de l'armature intérieure qu'il manifeste et qu'il cache. Personne n'a été plus loin que Proust dans la fixation des rapports du visible et de l'invisible, dans la description d'une idée qui n'est pas le contraire du sensible, qui en est la doublure et la profondeur.


Maurice Merleau-Ponty, Le Visible et l'Invisible, (Paris, Gallimard, 1964), p.195.

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