[...] nuits d'audace [...]
Mes nuits étaient longues et riches. Je les traversais lentement, sur la pointe des pieds; je dansais sur un fil, toujours le même, celui que j'avais pris l'habitude de tendre entre le crépuscule et l'aube. Mes acrobaties étaient souvent risquées. J'étais mon unique spectateur. J'avais peur et cela me procurait du plaisir. Je courais sur le fil, poursuivant une image, les mains tendues, les jambes raides et souples dessinaient des demi-cercles. Ces mouvements brefs et précis laissaient des traces en l'air, des filets de lumière tantôt verte, tantôt jaune. Cette acrobatie dans le noir et la solitude me comblait.
Tahar Ben Jelloun, L'Ecrivain public, Editions Du Seuil.
À lire et relire dans un état d'envoûtement et voulupté enchanté et melancolique.
Comentários